La dualité de la vie

Comme tout ce qui est du domaine de la création, la vie est dualité. Si on pose la question « quel est l’opposé de la vie », beaucoup de personnes répondent spontanément « la mort ». Peut-on dire autre chose ?

Je vous propose une tentative de découverte au travers des courants de pensée, tel que je les perçois, coloriée par la conscience particulière que je suis. Vous y trouverez mon point de vue actuel et singulier, à vous d’œuvrer à trouver le vôtre.

La science

Pour la science, la vie commence au moment où des composés chimiques complexes apparaissent (protéines, acides aminés, etc.) et se combinent pour arriver aux premiers éléments autonomes : les bactéries. Cette conception prévaut dans un contexte darwinien de l’évolution pour conduire à l’homme. Ainsi le summum de la vie s’exprime intelligiblement dans son être le plus élaboré autoproclamé comme tel : l’Homme.

Pourtant, la vie et la mort restent mystérieux à l’intellect de l’homme. Si la vie est chantée et apportent de nombreux arguments sur ses possibles buts, la mort reste un grand mystère où le manque d’arguments entretient les interrogations. Les émotions viscérales de l’ego surgissent face à sa propre disparition programmée. Le mental qui tente de venir au secours de l’ego élabore des pistes issues de la poésie, des phénomènes naturels, des phénomènes surnaturels et des religions qui explicitent les raisons de la vie et veulent expliquer la mort en la prolongeant dans un au-delà qui pourtant reste muet.

Pour la science, la cessation des fonctions vitales qui est constatée implique l’état de mort qui mène à la décomposition des structures élaborées vers des éléments retournant à la terre.

Le constat, considéré comme preuve suffisante, nous laisse sans réponse faute de donner une mesure à l’existence éventuelle d’une réalité plus grande que la matière soumise à l’espace et au temps.

La science, cependant, n’explique pas tout. De ce fait, ce qui est laissé de côté alimente les religions et est considéré comme hallucinatoire ou fantasmagorique ou, comme le disait Marx : « La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple. »

Il y a dualité entre la créature soumise aux lois immuables et la « mécanique » universelle toute puissante qui les impose.

La société

La conscience sociale tente elle aussi de donner un sens à la vie mais peine également à donner une suite à la mort. Tout au plus la société va honorer les grands « disparus » qui ont fait évoluer la société et la socialisation de la vie et parler d’immortalité à travers la mémoire des écrits et biographies.

Les philosophes et les humanistes sont les fondateurs d’une religion sociale nouvelle qui remplace la fête religieuse par la fête de l’être suprême comme le stipule la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789.

C’est d’ailleurs cet « être suprême » qui inspirera Ngô Van Chiêu, en 1925 lorsqu’il crée le caodaïsme (en vietnamien, cao dai signifie être suprême) qui reconnaît des guides spirituels à l’humanité dans les personnes ayant apportés des progrès dans l’humanisme :

« Le caodaïsme possède la notion de guide spirituel, dont il puise les figures dans toutes les cultures.

Voisinent ainsi dans son panthéon : Moïse, Jésus, Mahomet, William Shakespeare, Louis Pasteur, Sun Yat-Sen et Lénine.

Jeanne d’Arc est particulièrement vénérée pour avoir guidé la réception de la foi et promu l’égalité des sexes. Par l’intermédiaire de séances de spiritisme, Victor Hugo est probablement le personnage européen qui tient le plus grand rôle dans le caodaïsme, qui en a tiré de nombreux enseignements ainsi que le texte de plusieurs prières importantes. Lui-même a pratiqué le spiritisme à Jersey de 1852 à 1855 et prédit qu’il deviendrait le prophète d’une nouvelle religion, faite selon Patrick Boivin d’un « christianisme élargi par la métempsycose », ce que Hoskins traduit en un courant religieux où fusionneraient les mysticismes européens et asiatiques. » Source : Wikipedia

Trois saints caodaïstes

(Sun Yat-SenVictor Hugo et Nguyên Binh Khiêm)

signant un accord entre Dieu et l’humanité.

Par Nguy?n Thanh Quang

Travail personnel, CC BY-SA 3.0,

Ainsi on a une dualité entre la construction sociale par les vivants et l’idéal social divinisé.

 

Les religions

Sans vouloir faire une liste exhaustive, on peut retenir les caractéristiques d’une évolution dans la réponse humaine par le dialogue avec un divin miroir où l’homme est le reflet de la divinité et/ou l’inverse.

Les religions primitives

Sans écrits servant de références, les religions primitives s’inspirent des phénomènes naturels comme seule réalité tangible mais néanmoins en connexion avec la réalité ultime. Avec les shamans et les serviteurs de la terre-mère va naître une relation indirecte entre l’être humain et le divin.

La mort est un phénomène naturel et a donc un but. Tout comme la naissance. Il va donc y avoir des cultes de même importance pour ce qui a disparu comme pour ce qui n’est pas encore apparu.

On est dans une dualité entre monde terrestre et monde caché.

Les mythes

Tentative de première rationalisation, les mythes et mythologies vont servir à mettre de l’ordre et de la raison dans des croyances héritées mais non cataloguées. Les représentations et les textes vont relayer les contes. A ce stade, une « histoire divine » sera proposée sous diverses formes en correspondance avec les besoins culturels locaux. Comme les « mortels » se retrouvent être le jeu d’une ou des volontés divines.

Il y a alors dualité entre le monde mortel et le monde mythique.

Les religions structurées et modelées par la raison

Avec les découvertes « scientifiques », c’est-à-dire une certitude issue du fait qu’une expérience reproductible dont on fabrique un modèle mathématique permet de prédire le résultat de cette expérience lorsque l’on fait varier ses paramètres.

Ainsi on est obligé de dire que le monde a été conçu avec « nombre, mesure et poids ». Ainsi donc, dans la compétition entre science et religion, les structures et les modèles tant religieux que scientifiques se doivent d’évoluer en parallèle.

On a une dualité de compréhension entre espérances et certitudes.

Les expériences de mort imminente

Dernier avatar de la compétition, les expériences de mort imminente (NDE) plongent aussi bien la science que la religion dans un profond trouble.

On alors la dualité entre la preuve scientifique de la religion et la foi religieuse dans les découvertes de la science.

Les sciences de la conscience

Enfin il y a l’émergence du fait que c’est la conscience que l’on a d’être qui donne la réponse du pourquoi l’on est. La conscience n’est pas une science et n’est pas une religion. Ses aspects peuvent prendre parfois les couleurs d’une science ou bien susciter des actes religieux sans pour autant s’attacher à l’une ou à l’autre. La conscience est singulière, on ne peut en effet en donner un modèle valable et prédictible en fonction des caractéristiques individuelles. La conscience est l’émergence, dans une structure matérielle, d’une réalité qui englobe le matériel tout en étant plus vaste. Cette émergence peut se répéter à travers de nombreuses incarnations car un quantum de vie matérielle ne saurait suffire à atteindre la complétude.

On a la dualité entre la conscience singulière de chaque être et la conscience complète (et donc unique) de tout ce qui est.

La conception au-delà de la matière et de l’espace-temps

Parler de ce qui est au-delà de l’espace et du temps, c’est vouloir construire un concept qui englobe, en la dépassant, notre conception matérielle de la physique. Il nous faut recourir à une après-physique de la matière, c’est-à-dire une réelle métaphysique.

Le tout reste inaccessible au singulier en termes de compréhension tout en étant accessible par fusion dans l’illumination.

D’ailleurs ce fait est corroboré par le texte du Gayatri Mantra (???? tat dans le sens de « ça ») et l’approche du tout par le concept du Tao.

 

 On a la dualité par la conscience singulière dans la conscience unique du tout.

 

La dualité comme acte créateur

Il se présente à nous, qui sommes dans un mode de dualité, que la dualité elle-même cache un aspect fondateur de notre monde matériel. La conscience singulière, par rapport à la conscience du tout, a le goût de la dualité. La dualité sous tend la notion de « distanciation » donc de dimension. (Dimension a pour étymologie « mesurer en tous sens »).

L’acte de dualité induit donc l’émergence du dimensionnement qui prend les mesures nécessaires à l’avènement de la création.

Les dimensions

Une dimension se définit parfaitement comme l’expression d’une dualité avec un élément tiers où réside le fusionnement qui est le retour vers l’unité du tout.

Bien et mal fusionnent en Nirvana. Haine et amour fusionnent en équanimité. Gauche et droite fusionnent en centre. Plus et moins fusionnent en zéro. Avant et après fusionnent en maintenant. Etc.

 

 

Représentations expérimentales des dualités

Il apparaît que la dualité n’est pas entre la vie et la mort mais entre la naissance et la mort. La dualité de la vie est une affaire personnelle et doit être découverte « indivi-duellement ».

En support de méditation de tout ce qui précède, je vous propose les schémas suivants :

 

Patrick Legros