Reiki et handicap

Elles/ils s’appellent Hanna, Mariam, Khadijetou, Djibril, Houssein… des enfants mauritaniens polyhandicapés, issus de familles pauvres vivant dans un quartier défavorisé de Nouakchott en Mauritanie.

Du lundi au vendredi, ils sont accueillis avec leur maman à la Maison de l’enfance, un havre de paix et d’espoir dans ce quartier populaire de Dar Naïm, géré par une association et des religieuses.

Là, ils peuvent prendre un petit déjeuner et un repas, les plus valides peuvent apprendre la couture, d’autres reçoivent des soins de kinésithérapie, des jouets sont mis à leur disposition dans une grande pièce où les mamans se retrouvent et échangent entre elles…

Lorsque mon amie Béatrix m’a raconté, en ce début d’année, son expérience de co-animation de l’atelier couture à la Maison de l’enfance, je lui ai immédiatement demandé si je pouvais venir avec elle et apporter ma petite contribution avec des soins Reiki et des massages. L’idée lui a plu et étant donné que nous avons été initiées aux 1er et 2e degrés de Reiki ensemble, elle m’a suggéré que l’on fasse cela à deux.

Après avoir demandé l’accord à la responsable, l’aventure a commencé…

Une aventure extraordinaire qui nous a conduites à une pratique du Reiki quelque peu différente de ce que nous avions pu faire jusque là. Donner du Reiki à des enfants polyhandicapés nécessite, bien sûr, une adaptation de notre pratique. Chaque handicap est différent et chaque enfant réagit différemment. Certains acceptent qu’on les touche, d’autres pas. La position allongée ne convient pas à tous, et après quelques tâtonnements, nous avons fini par trouver la posture la mieux adaptée à chacun. La durée des séances s’est imposée d’elle-même, entre 20 et 30 minutes.

Les enfants que nous avons reçus ont entre 5 et 12 ans, certains ne sont venus qu’une fois, d’autres ont assisté à toutes les séances. Pour ces derniers, nous avons pu constater des réactions positives lorsqu’on se retrouvait, grâce au son de notre voix et de la mise en confiance chaque début de séance, à la musique toujours présente, peut-être à l’ambiance relaxante de la pièce dans laquelle avaient lieu nos rendez-vous…

Sur la fin, nous avons réussi à obtenir une détente maximale et un relâchement total de tout le corps, avec Hannah par exemple, qui fut une des plus assidues. Lors de cette dernière séance, contrairement à son habitude, elle n’a pas bruxé du tout, ses doigts et ses orteils étaient totalement relâchés, elle était particulièrement à l’écoute de la musique (du piano) que nous avions mise ; elle nous a gratifiées d’un grand sourire et nous avons même fait une petite séance photo pour immortaliser ce moment magique !

Nous avons également vécu des moments très forts avec Djibril, un petit bout de 2 ou 3 ans, notre plus petit, qui a passé plusieurs mois en Suisse pour une opération du cœur grâce à une prise en charge de l’ONG Terre des Hommes. Des problèmes cardiaques, respiratoires également, une vue très faible, un bras « mort » et, comme la plupart de ces enfants, une tête qui ne tient pas… des maux très difficiles à supporter pour un si petit homme qui, par ailleurs, semblait ne pas manger à sa faim, du fait d’une situation familiale compliquée. Djibril était en souffrance et pleurait beaucoup. Sa maman, très fatiguée et désemparée, mettait beaucoup d’espoir dans les soins que nous lui avons prodigués. C’est ce qui, je pense, a été le plus difficile pour nous…

Avec Djibril, nous nous sommes rapidement rendu compte que lui donner du Reiki en position allongée n’était pas possible. Très attaché à sa maman, il pleurait immédiatement. Nous avons ensuite fait une ou deux séances en laissant l’enfant dans les bras de sa maman. Puis, au fil du temps, nous avons réussi à l’amadouer, et même à le faire rire aux éclats, et l’une de nous le prenait contre elle durant la séance. La confiance s’est installée et il s’est laissé faire. Nous avons également tenté de lui faire un cataplasme d’argile au niveau de la poitrine, afin de le soulager un peu sur le plan respiratoire. L’expérience s’est révélée intéressante mais, bien sûr, il aurait fallu pouvoir continuer. Les dernières séances avec Djibril ont été sereines et à deux reprises, il s’est endormi dans nos bras.

Et puis il y a Houssein, si maigre que ses doigts et ses orteils semblaient transparents… Houssein et sa maman qui se cachait derrière sa burka, pour fuir le regard des hommes, ne pas avoir à se remarier et pouvoir s’occuper de son enfant handicapé. Derrière ce couple mère-fils si soudé, il y avait tant d’amour… Et puis cette dernière séance où, recroquevillé sur sa douleur intestinale que Béatrix a massée longuement, Houssein a fini par s’endormir, bercé par le chant des kotodamas…

Petit à petit, nous avons également adapté notre façon de procéder ; pendant que Béatrix donnait du Reiki au niveau de la tête et du haut du corps, souvent en parlant doucement à l’enfant et en captant son regard, je faisais un massage doux des jambes et des pieds, en étirant lentement les membres inférieurs, en massant délicatement les genoux afin d’obtenir un relâchement des orteils, souvent tout recroquevillés. Béatrix travaillait les bras et les mains pour les détendre et les ouvrir, utilisant parfois une petite balle souple, afin de délier les doigts au maximum.

Certaines mamans nous ont accompagnées en retenant l’attention de l’enfant lorsque c’était nécessaire, des mamans présentes et aimantes qui nous ont donné toute leur confiance. Mais en général, après 2 ou 3 séances, ceux qui nous ont vues régulièrement se laissaient faire sans difficulté.

Il y aurait encore tant à dire sur les moments magiques que nous avons vécus avec ces enfants si attachants, des moments parfois difficiles et éprouvants mais également tellement gratifiants ! Le fait de vivre cette expérience à deux s’est avéré nécessaire et particulièrement intéressant, d’autant plus que notre binôme a fonctionné de façon limpide et efficace, sans que nous ayons à nous concerter au préalable. En revanche, nous avons fait un petit débriefing après chaque journée, pour échanger nos ressentis qui concordaient toujours, et pris des notes sur chaque séance.

En conclusion, nous exprimons notre reconnaissance à l’Univers de nous avoir permis d’entrer dans le monde du Reiki et de pouvoir exercer cette pratique énergétique si riche dans ces conditions un peu particulières. Il est prévu que nous retournions à la Maison de l’enfance à la prochaine rentrée afin de poursuivre cette mission !

 

Béatrix BESOMBES et Catherine PEGON
cathy0661@gmail.com