Le Reiki et le chemin du Yoga

Le Reiki et le chemin du Yoga

– par Jeff Emerson –

En me préparant récemment pour un stage de Reiki pour les enseignants de Yoga, j’ai trouvé une corrélation intéressante entre le Reiki et le Yoga que je voudrais partager avec vous. J’ai enseigné le Reiki un certain nombre d’années. Habituellement, j’enseigne le Reiki comme un complément pour le Yoga, presque comme un élément supplémentaire que les enseignants de Yoga doivent ajouter à leurs cours. Mais cette année, j’ai enseigné les principes du Yoga avec les principes du Reiki et j’ai réalisé à quel point ils se complètent. Cette année, je n’ai plus enseigné le Reiki comme un complément à la formation de Yoga, mais en tant que formation yogique en soi.

Les huit membres du Yoga sont Yama, Niyama, Asanas, Prânayama, PrathaHara, DHarana, Dhyana et Samadhi. Ils ont beaucoup en commun avec le système de Reiki dans le sens que les deux mènent le praticien vers le même état.

Le premier aspect du Reiki qui est yogique est représenté par les Cinq Principes/Idéaux. Les Principes pointent vers le non-dualisme ou Atman. Atman est le vrai soi et est souvent associé à brahman. C’est un état d’unité, de UN, qui est l’état dans lequel nous sommes quand nous sommes Reiki. Les Principes nous orientent vers cet état d’Atman en nous y amenant naturellement. Lorsque nous ne sommes pas en colère, nous ne nous inquiétons pas, faisons preuve d’intégrité, nous sommes reconnaissants, faisons notre travail honnêtement et avons de la compassion envers nous-mêmes et les autres, nous sommes naturellement dans un état d’Atman.

Dans le Yoga, nous avons les Yamas et Niyamas. Les Yamas et Niyamas sont le début du chemin du Yoga au même titre que les Principes sont le début du chemin Reiki. Les Yamas nous disent comment nous devrions nous comporter dans la société :

1. Ahimsa ou la non-violence

2. Satya ou la vérité

3. Asteya ou ne pas voler

4. Bramacharya ou la maîtrise de soi quant à la sexualité et autres plaisirs

5. Aparigraha ou la modération en tout ou la non-avarice.

Il est très facile de voir comment les Principes disent essentiellement la même chose. Juste pour aujourd’hui, ne pas se mettre en colère est une façon de ne pas créer de la violence, la colère engendrant de la violence.

Quand je vis avec intégrité, je pratique Satya ou la vérité ; quand j’ai de la compassion pour moi-même et les autres, j’exerce à la fois l’honnêteté et le contrôle de soi. Comment puis-je voler les autres ou utiliser quelqu’un sexuellement, si j’ai de la compassion pour moi-même et les autres ? Impossible. De plus, bien sûr, la modération et la non-avarice sont une façon de faire son travail honnêtement. Voilà !

Les Niyamas sont :

1. Sauca ou la propreté, la pureté

2. Santosha ou le contentement

3. Tapas ou la persévérance

4. Swadhyaya ou l’étude de soi, l’autoanalyse

5. Iswarpanidhana ou le lâcher-prise ou l’abandon au divin

Les Niyamas parlent de la compassion envers soi-même, de l’intégrité ou d’être fidèle à soi-même. Je vois le Niyama comme un guide pour me montrer comment mieux avoir de la compassion pour moi-même parce qu’il pointe vers le vrai soi et avoir cette intégrité fait partie de l’étude de soi. Pour être vrai j’ai besoin d’étudier mon intérieur et de lâcher prise en me tournant vers mon Moi supérieur.

Les Principes du Reiki sont une forme simplifiée des Yamas et Niyamas. Avoir moins, une version simplifiée, est parfois mieux parce que nous pouvons ainsi « peser » nos actions indiquées par les Yamas et Niyamas.

Ce que j’ai trouvé intéressant et important est que nous faisons circuler l’énergie en faisant du Reiki comme dans les Vayus (souffles).

Dans le Yoga, Ki est appelé Prâna. Bien sûr, les deux sont de l’énergie et l’énergie c’est de l’énergie, peu importe comment on l’appelle. Il y a beaucoup de similitudes et des différences subtiles que j’aimerais aborder.

Un autre membre du Yoga est le Prânayama ou des techniques respiratoires dont le but est de faire circuler le Prâna. Selon la pensée ayurvédique, qui est le côté médical et vraiment l’aspect principal du système du Yoga, il y a cinq types de Prâna ou Vayus. Vayu signifie vent ou souffle.

Les cinq Vayus sont Prâna Vayu, Apana Vayu, Samana Vayu, Udana Vayu, et Vyana Vayu.

Le Prâna chevauche le souffle comme un cavalier chevauche un cheval. En fonction de comment nous orientons le cheval, nous déterminons la destination et la qualité du voyage sur le cheval.

Quand nous faisons du Reiki nous dirigeons volontairement l’énergie dans et à travers les trois diamants (voir plus bas la description des diamants). Chaque fois que nous traitons avec le souffle nous invoquons principalement l’élément de l’air. Le souffle est notre connexion entre notre intérieur et les grandes énergies universelles. Cela ne veut pas dire que nous canalisons le Reiki de quelque part ailleurs, mais nous alimentons la lumière à notre intérieur par le Ki ou Prâna universelle.

Le premier Yayu est Prâna Vayu.

Alors que toute énergie est appelée Prâna, le Prâna Vayu parle du souffle qui se déplace vers l’avant ou vers l’intérieur et ce vayu est important pour le Reiki parce qu’il est dit qu’il gouverne le reste des Prânas et qu’il est relié au troisième œil ou le ciel : SHK. Certains ont dit qu’il est connecté au cœur ou HZSN. Donc quand nous dirigeons l’énergie du cœur vers le troisième œil nous utilisons Prâna vayu. Le SHK est dans la zone du troisième œil et il est dit qu’il se trouve là où nous nous connectons à l’énergie du ciel ou à ce royaume que nous ne pouvons pas percevoir avec nos sens normaux.

Dans le Yoga c’est là que réside Shiva et nous ouvrons nos canaux ou nadis pour permettre à Shakti qui réside dans la région du CKR ou Hara à monter et fusionner avec Shiva. Il est dit que Shiva est l’énergie masculine ou l’énergie non-manifestée et Shakti est l’énergie féminine de nature plus créative. Il est dit qu’elle est comme un serpent enroulé trois fois en dessous du premier chakra ou sous le Hara.

Lorsque l’énergie de Shakti est réveillée, elle monte par la colonne vertébrale autour des chakras pour finalement se retrouver avec Shiva qui attend dans le calme parfait dans le royaume du ciel. Lorsque ces deux énergies se rencontrent, c’est là qu’il y a union et non-dualité parce que les énergies masculine/féminine sont devenues UN. Ainsi, le FAIRE, énergie créatrice féminine et de l’énergie masculine contemplative NON-FAIRE fusionnent dans le UN.

Dans le Reiki, ce phénomène a lieu quand nous sommes dans le DKM. Dans le DKM, les trois énergies deviennent UN : l’énergie de la terre est connectée à l’énergie du ciel et à l’énergie du cœur. Les trois ont émergé comme une seule.

Dans la philosophie du Yoga de l’Inde il y a les chakras. Les chakras sont des portails qui permettent à l’énergie d’entrer et de sortir. Il y a des milliers de chakras dans notre corps, mais nous avons sept chakras principaux. Nous avons des chakras dans nos mains et c’est pourquoi nous sentons l’énergie sortant de nos mains.

Dans le Reiki, il y a trois diamants. Les trois diamants ne sont pas des chakras mais souvent on les confond avec les chakras en raison du lieu où ils sont placés. Les chakras sont les endroits où les nadis se croisent. Les sept chakras majeurs sont placés tout le long de la colonne vertébrale et régissent notre corps et notre fonctionnement physiologique. Les trois diamants sont différentes dimensions de l’existence et ils se trouvent dans différentes zones du corps, endroits où se trouvent également des chakras.

Les trois diamants sont :

– le premier diamant est l’énergie Terre ou CKR, situé dans le Hara où le deuxième et troisième chakras se trouvent. Les similitudes entre ce diamant et les chakras sont que ces chakras régissent les problèmes terrestres, la sécurité, le sexe et l’ego. La différence est que l’énergie Terre s’occupe de toute l’existence terrestre, y compris le ciel, la lune, les montagnes et les choses que nous pouvons sentir, voir et toucher.

– le deuxième diamant ou SHK est situé dans le troisième œil, là le sixième chakra est situé. C’est l’énergie du ciel, de l’intuition, de la visualisation, de l’imagination, etc., ce qui est très semblable au sixième chakra. C’est par là que notre horizon s’ouvre.

– le troisième diamant ou HZSN est le diamant de cœur et se trouve au niveau du quatrième chakra. Ce diamant ressemble à ce chakra parce que tous les deux traitent des relations. Cependant, dans le Reiki c’est un domaine où il y a unité, harmonie. Ce diamant relie l’énergie de la Terre et celle du ciel.

La confusion entre les diamants et les chakras est due à leur emplacement et aux quelques similitudes ce qui fait que certains pensent que les diamants sont des chakras, quand vraiment ces sont deux choses totalement différentes.

Les chakras régissent notre corps et les trois diamants sont des royaumes de l’existence. Bien sûr, il n’y en a pas un qui soit meilleur que l’autre, ils sont simplement différents.

Le Reiki peut être utilisé pour équilibrer les chakras parce que les chakras font partie du corps. Les chakras peuvent renforcer les différents royaumes de l’existence en étant en état d’harmonie dans ces zones-là.

Apana Vayu signifie s’éloigner. Ce souffle se déplace vers le bas et régit l’élimination. Ce Vayu a la qualité de l’énergie de la terre et il est ainsi connecté au CKR ou la zone Hara. Dans le Reiki on nous dit d’apporter la lumière à l’intérieur et vers le bas dans notre Hara : en faisant cela, nous utilisons Apana Vayu.

Samana Vayu se déplace de l’extérieur ou de la périphérie vers le centre. Cela aide à la digestion. En apportant la lumière dans le Hara, nous concentrons l’énergie en un point central et nous utilisons donc Samana Vayu pour condenser l’énergie.

Udana Vayu est un mouvement ascendant de l’énergie. C’est l’énergie qui monte vers la région de la tête et du cou. Nous avons besoin de Udana Vayu pour faire monter l’énergie de notre Hara à nos mains. Il connecte également l’énergie de la Terre avec celle du cœur et du ciel. Il apporte le Ki à partir du Hara pour nourrir le reste du corps.

Vyana Vayu est un souffle qui va du centre vers l’extérieur. Ce souffle fait circuler notre énergie du Hara vers l’extérieur en remplissant chaque cellule avec de la lumière. Nous utilisons cela dans JOSHIN KOKYU HO. Nous inspirons la lumière dans le Hara et quand nous expirons nous passons l’énergie vers l’extérieur comme pour gonfler un ballon. Ce mouvement, du centre vers l’extérieur dans un mouvement circulaire, c’est Vyana Vayu.
Jusqu’ici, nous avons parlé de la façon dont le Reiki concerne trois des huit membres. Je vais aborder brièvement les autres membres du Yoga et la pratique de Reiki.

Quand nous pensons en général au Yoga, nous pensons aux Asanas, les postures Yoga. La raison pour laquelle nous faisons les Asanas est de mieux venir dans notre centre intérieur et aborder le vrai soi ou Atman.

Les Asanas ont été utilisées uniquement comme un moyen physique de l’ouverture des méridiens ou canaux d’énergie de sorte que le Prâna puisse couler et nourrir le corps, permettant la manifestation des états supérieurs de conscience. Dans le Reiki nous avons beaucoup de techniques qui font la même chose, certaines d’entre elles ayant même une touche de Yoga ou de Tai-chi. Elles n’ont pas le but d’obtenir une meilleure forme physique, mais de débloquer les canaux d’énergie pour nous permettre de communiquer avec notre vraie nature ou pour être le Reiki.

PrathaHara c’est mettre nos sens en veille. Dans le Bhagavad Gita, Krishna dit à Arjuna : « Tout comme une tortue retire ses membres, quand un homme retire ses sens des objets extérieurs, sa sagesse devient stable. »

PrathaHara c’est mettre en veille l’écoute hors du monde extérieur et activer l’écoute de notre vraie nature. Nous écoutons et notre intuition est guidée par notre vraie nature. Quand nous donnons du Reiki nous faisons PrathaHara puisque nous essayons de ne pas être distraits par des influences extérieures. Quand nous récitons le Principes du Reiki, les aspects extérieurs nous perturbent moins parce que nous sommes focalisés. Cependant, quand nous donnons une séance de Reiki, nous avons besoin d’être dans le moment présent, de ne pas nous laisser perturber par l’extérieur et d’apporter nos sens vers l’intérieur afin que nous puissions nous connecter à la grande lumière brillante que nous sommes.

DHarana c’est l’étape de la concentration de l’esprit ou fixation de la pensée. C’est la concentration sur un seul point. Dans le Yoga, cette concentration stabilise l’esprit en se concentrant sur un objet, et elle est utilisée afin d’empêcher l’esprit, les sens, l’intellect et l’ego de fluctuer de façon que l’on puisse se concentrer sur le divin.

Dans le Reiki nous utilisons DHarana à bien des égards et une façon serait de se concentrer sur les mantras ou symboles comme un moyen de stabiliser les fluctuations de l’esprit tout en donnant du Reiki. Nous utilisons les mantras et symboles en tant que point de focalisation et non comme des outils, plutôt comme un ancrage qui nous aide à nous souvenir de notre vraie nature.

Dhyana c’est la méditation : nous méditons sur le divin et l’esprit universel.

Dhyana est utilisé pour nous unifier davantage avec notre vraie nature ou Atman. Dhyana est une forme supérieure de DHarana dans le sens que celui qui est concentré et le point de sa concentration deviennent un. Il n’y a aucune dualité et il y a un sentiment d’unité avec tout. La plus haute forme de Dhyana est Jhana quand il y a seulement l’unité.

Dans le Reiki il y a de nombreuses méditations qui pointent toutes à ce même état, l’état d’être un avec le Ki universel ou la grande lumière brillante. A des niveaux élevés de la pratique du Reiki, il n’y a plus de praticien, plus de Reiki, il y a juste la conscience de notre vraie nature et l’unité avec tous et tout.

Samadhi est l’union avec le Divin. Son sens est « rassembler et fusionner en un seul ». Maintenant le voyage est complet et nous sommes en fusion avec notre vraie nature. Nous et Atman sommes UN, il n’y a plus de dualité du tout, il n’y a plus que l’expérience de l’extase. Nous atteignons Samadhi et il n’y a plus de questions, le moi est devenu le non-moi tel qu’on l’explique dans le bouddhisme zen.

J’ai étudié le Yoga et le Bouddhisme Zen pendant un certain nombre d’années et on m’a toujours promis : si vous vous asseyez assez longtemps, si vous travaillez assez les Asanas, un jour vous pourrez entrevoir le Samadhi.

Je n’ai jamais pu me rapprocher du Samadhi autrement qu’en faisant du Reiki.

Dans le Reiki, Samadhi n’est pas un objectif irréalisable, mais un espace commun où nous nous rappelons qui nous sommes et où nous sommes la grande lumière brillante. Ensuite, il n’y a pas de dualité, il n’y a pas de moi, il n’y a pas toi, il y a seulement la grand lumière brillante dans sa simplicité, toujours là.

J’ai trouvé dans le Reiki toutes les promesses faites par tous les autres chemins spirituels et cela simplement en étant, non pas en faisant. Cependant, la grande lumière brillante n’est pas quelque chose que nous devons poursuivre, mais nous devons lâcher prise, nous rendre devant notre vrai MOI.
C’est ainsi que je vois le Reiki comme du Yoga et le Yoga comme du Reiki. Il ne s’agit pas de deux chemins menant au même endroit, mais des expressions différentes du même chemin. Tous les chemins spirituels nous disent la même chose : nous sommes la grande lumière brillante. Il me semble cependant que dans certaines traditions le chemin est trop compliqué et que la vérité se perd.

 

Jeff Emerson dirige une école de yoga à but non lucratif pour aider les gens à récupérer de la dépendance à l’héroïne qui sévit dans la zone de Cincinnati (USA). Il utilise pour cela un programme en 12 étapes incluant le Yoga et le Reiki.

Après 30 ans de Yoga, plus de 20 ans de travail dans le domaine de récupération de la dépendance des stupéfiants et 10 ans de Reiki, Jeff travaille avec un enseignant Zen pour devenir un moine Zen.

Son école de Yoga est l’une des premières organisations à but non lucratif au monde à utiliser un programme de 200 heures pour former des enseignants de Yoga spécialisés dans la récupération de la dépendance aux drogues.

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