Vivre dans les mains de la Conscience Universelle

Vivre dans les mains de la Conscience Universelle

– par Bruno Etchegoyhen –

Cet article fait suite à un document écrit fin 2016 par Jacques Mabit, responsable du centre Takiwasi au Pérou, qui propose un accompagnement chamanique dans un centre de traitement des addictions.

Pour cette personne, le Reiki est une pratique dangereuse dans son intention et dans sa mise en place. Il considère que les présupposés du Reiki sont trop simplistes et que cela revient à partir en guerre la fleur au fusil.

Je pense, à la lecture de cet article, que cette personne confond différentes choses et je vous propose de revenir sur deux points : le principe de canalisation et celui des bonnes pratiques.

Le principe de canalisation
Selon Jacques Mabit, seule la pratique du Reiki affirme qu’il est possible de se relier à la source de la Conscience Universelle (le Rei) pour canaliser vers une personne la force vitale (le Ki).

Or, dans la tradition des Q’éros (plus au sud du Pérou dans la région de Cusco), nous retrouvons une pratique énergétique basée sur le principe qu’une vie complète se fonde sur une relation harmonieuse avec la Terre Mère et tout ce qu’elle porte car tout est fait d’énergie de Vie. Avoir du pouvoir, c’est être capable de s’harmoniser avec toute manifestation de l’énergie Universelle de Vie et le vivre consciemment. J’y vois la même intention que celle du Reiki.

Plus au nord de l’Amérique, les indiens Lakota font de même. Le très célèbre Homme de Connaissance Lakota, du nom de Fool Crow, disait que le but de son travail était de devenir un petit os creux dans lequel passe le Grand Esprit. J’y vois la même intention que celle du Reiki.

Dans une autre tradition, celle des soufis chishtis de l’Inde, les pratiques de guérison se font également uniquement par canalisation de la Présence de Dieu. C’est l’esprit de Dieu qui atteint la personne concernée. J’y vois la même intention que celle du Reiki.

Le Reiki s’inscrit donc dans une manière de faire qui est partagée par différentes traditions autour de la planète.

Ce principe est d’ailleurs employé dans la tradition chamanique mais d’une manière différente. Il s’agit de se relier à des esprits soit de l’infra monde, du monde du milieu ou du monde d’en haut. Ce qui choque peut-être cet auteur, c’est notre postulat que nous nous relions non pas à une Conscience immatérielle d’un des mondes de l’énergie, mais directement à la Source. Alors, désolé, nous n’utilisons pas en Reiki de médiateur, nous discutons seulement avec la Boss !

C’est cela qui nous garantit que cette canalisation se fera dans la lumière et dans une intention d’amour, et ne dépendra pas seulement de nos bonnes intentions.

Ceci étant, ce n’est pas incompatible avec l’appel à des intermédiaires et médiateurs. Il est possible et souvent pratiqué de demander l’aide de guides ou autre Consciences liés à la personne. Je ne vois donc pas d’opposition entre ces deux types de connexion, contrairement à l’auteur de l’article cité.

Puis, Jacques Mabit affirme qu’en Reiki, nous postulons que nous sommes protégés grâce à notre initiation au Reiki. C’est une affirmation que je n’ai jamais rencontrée dans mon parcours ni mes échanges en Reiki. En effet nous partons du principe qu’une initiation permet de « nettoyer notre lien avec la Conscience Universelle », si je puis employer cette métaphore. Mais cette initiation ne nous protège en rien des conséquences de nos décisions et actes.

Ensuite, il dit que l’initiation est censée nous relier à un égrégore. Encore une fois, nous nous relions à la Conscience Universelle, à LA Source, qu’on ne peut pas nommer, contrairement à ce que souhaite l’auteur qui veut désigner l’égrégore auquel on se relie. Nous pourrions dire comme les bouddhistes que nous nous relions au « sans forme », à la Conscience permanente incréée et infinie. Aucun nom ne peut en rendre compte.

Enfin, l’initiation donnerait des dons surnaturels. Encore une fois non, l’initiation réveille des possibilités naturelles accessibles à tous. Comme le disait l’Homme de Connaissance Don Juan dans les livres de Carlos Castaneda : « En toi il n’y a rien à changer ». Il voulait souligner que nous sommes des êtres de Lumière par essence et qu’en essence, nous accédons à tout. Donc tout le monde est et reste relié à la Source. Le lien peut être « encrassé », mais il est.

Nous voyons donc que nous avons une compréhension différente de la Vie, et que nous ne nous reconnaissons pas dans les postulats relatés par l’auteur.

Les bonnes pratiques
Oui, comme le souligne l’auteur, il est important de se nettoyer après avoir donné une séance. C’est une précaution à observer avec la plus grande attention. Nous avons en Reiki au moins deux pratiques : le nettoyage à sec et la douche reiki qui nous permettent de bons nettoyages. Nous pouvons remercier l’auteur de nous rappeler l’importance de leur utilisation.

Là où je rejoins aussi cet auteur, c’est sur le point de la juste observation de soi. Pour accompagner des personnes en souffrance, il est de mon point de vue indispensable :

  • d’avoir fait un parcours personnel important et d’être très au clair sur nos motivations à accompagner les autres. Comme le disait Mère Theresa, nous le faisons pour nous-même avant tout, et il est important de le savoir si l’on ne veut pas en être bien puni (car sinon c’est de l’orgueil) !
  • de pratiquer sur soi lors d’échanges réguliers avec ses pairs les techniques utilisées pour d’autres personnes.
  • de poursuivre un travail personnel pour s’affiner encore et toujours à la manière des alchimistes. C’est un principe d’humilité que tout change et rien n’est jamais acquis.
  • de maintenir un travail permanent d’observation de soi en relation avec les 5 Idéaux du Reiki.
  • de continuer à s’instruire, chercher à enrichir ses pratiques, découvrir ce que font les autres et comment. Une grande école de tolérance !

C’est peut-être sur ces points, sur la manière d’en venir à accompagner les gens, que nous pouvons tirer des leçons de cet article qui dénonce un trop grand enthousiasme chez les praticiens de Reiki.

Dans cet esprit nous pouvons constater que la pratique de la supervision n’est pas utilisée en Reiki alors qu’elle l’est dans beaucoup de pratiques d’accompagnement. Il serait peut-être souhaitable à l’avenir de penser à mettre en œuvre des échanges entre professionnels pour enrichir nos compétences.

L’accompagnement des personnes nécessite de rester dans la voie du milieu des Taoïstes : il ne s’agit pas de dire si tel travail est bien ou mal fait, mais de voir comment il est possible d’ajuster pour le mieux. Une pratique équilibrée de l’intervision entre professionnels ou de la supervision pourrait être une belle intention.

Conclusion
En conclusion, j’espère avoir utilisé cet Idéal du Reiki qui dit d’honorer ce qui se présente, puis cet autre Idéal qui incite à y répondre par la gentillesse (bon d’accord, avec quelques petites piques !). Et qu’ainsi nous avons pu nous appuyer sur des reproches pour avancer et progresser.

J’espère que, pour chacun, cet article sera l’occasion de s’ouvrir un peu plus à la beauté de la Conscience Universelle.

Bruno Etchegoyhen
Art et Pratique du Reiki
Ap-reiki.fr

Sources :
Master of living energy : the mystical world of the Q’eros of Peru de Joan Parisi Wilcox
Fools Crow sagesse et pouvoir de Thomas E Mails
Voir les enseignements d’un sorcier yaqui de Carlos Cataneda
A la recherche du trésor caché de Pir Vilayat Inayat Khan