Les Chroniques de Michel…

Les Chroniques de Michel…

Billet d’humeur

– par Michel Barrière –

Le politiquement correct empoisonne notre existence. Ce n’est pas un phénomène récent. Je me souviens quand j’étais jeune, dans les années 60 du siècle dernier (c’est vous dire que j’ai de l’expérience), que toutes les critiques à l’encontre du bloc soviétique vous faisaient taxer d’anticommunisme primaire par l’intelligentsia française. Aujourd’hui, dire qu’un noir ou un arabe se comporte mal va nous précipiter dans le gouffre du racisme ordinaire par la même frange de la société, qui se prétend la garante d’une pensée correcte. Et tout le monde suit comme le troupeau de Panurge. Ainsi il en va des modes.

Il en est une dont j’aimerais bien tordre le coup : c’est celle qui consiste à certaines castes de s’attribuer des termes ou concepts et en faire un usage exclusif, restrictif et privé : illustration avec trois termes qui touchent le monde du Reiki.

Je veux parler par exemple du mot patient. Étymologiquement le patient est celui qui supporte, qui endure. C’est, selon le jargon médical, la personne qui se soumet à un examen ou un traitement médical ou encore à une intervention chirurgicale. Si bien que franchir la porte du cabinet médical ou être admis dans un établissement hospitalier nous fait devenir patient. En dehors de ces circonstances, vous n’êtes pas des patients. J’avoue, pour employer le sens de l’adjectif, en réalisant cela je suis de moins en moins patient.

Je veux continuer avec le mot soin. Ce mot a le sens d’attention, intérêt porté à quelqu’un ou quelque chose, précaution, sollicitude selon le Larousse en 10 volumes. Là encore faudrait-il sortir de la cuisse de la sacro-sainte médecine pour donner du soin ? J’ai de la chance, j’en suis issu, donc je vais pouvoir prendre soin de mes proches ; mais vous, pauvres malheureux, êtes-vous des sans soins ?

Je veux poursuivre avec le mot traitement. C’est la manière d’agir sur quelque chose en vue d’un résultat ou la manière de traiter quelqu’un, toujours suivant le docte dictionnaire. Appliquer un traitement est maintenant l’apanage des ressortissants de la Faculté de Médecine. Si ce n’est le cas, ne pourrais-je pas agir sur tout ce qui m’entoure ? Il nous reste encore pour notre plus grand bonheur l’autotraitement. Mais pour combien de temps aurais-je encore le droit de disposer d’un tel degré de liberté?

Nous en sommes arrivés à ce point : quand un patient, pardon, une personne qui souffre ou qui a un problème, s’adresse à moi, je lui propose un soin, pardon une séance de Reiki pour un traitement, pardon comme une action adaptée pouvant lui donner du mieux-être et du bien-être.

Dans le mode du langage, le ridicule ne tue plus heureusement, mais sortir des restrictions que la société impose peut vous traîner en justice et donc il faut la plus grande attention à ce que l’on dit ou écrit. La société est devenue procédurière. Alors il se peut que ce combat-là soit aussi efficace que rompre des lances avec les moulins à vent comme Don Quichotte.

Cependant rien ne m’empêchera de dire à un patient qui vient me voir que j’en prends soin pour offrir un traitement à l’être qu’il est. Je lui explique que je ne m’occupe pas de son problème, j’offre seulement la mise à disposition de Reiki à toute sa dimension d’être. C’est à lui d’en faire usage pour éventuellement l’appliquer à son problème. En même temps que j’exprime mon mouvement dans la pratique du Reiki, je me dédouane d’une action ciblée qui pourrait me faire endosser une responsabilité que je ne suis peut-être pas capable d’assumer envers lui et envers la société bien pensante.

De nouveau on observe les travers du langage qui n’a qu’un nombre de dimensions limitées pour exprimer ce qui en compte davantage. De même, on voit comment les concepts que recouvrent  les mots évoluent et comment ils sont ressentis par ceux qui emploient ces derniers. De ce fait, avec l’intention de contribuer à une meilleure conscience, on aboutit à un sectarisme insupportable. Heureusement il nous reste l’immuabilité du Reiki dans son essence et principe, qui nous offre un repère fiable et viable dans la plus grande ouverture d’esprit.