Croyance, connaissance et Reiki

 

par Michel Barrière

Bien souvent, croyance et connaissance ont été en opposition, pour ne pas dire qu’elles se sont faites la guerre. Si l’on prend le sujet de la cosmologie, Galilée et les savants physiciens du début du siècle dernier en ont souffert. La croyance a une part subjective qu’il est parfois difficile d’objectiver. La connaissance se vérifie et parfois, difficilement aussi. Nous pouvons dire qu’elle est plus opérative. Dans des temps très anciens, Lao-Tseu aurait dit en substance : « celui qui sait ne croit pas, celui qui croit ne sait pas ». Le savoir prend là le sens de connaissance acquise complètement maîtrisée. La croyance a été associée plus souvent au monde religieux et la connaissance plus souvent au monde scientifique. Cependant la frontière entre les deux est ténue.

Pour un être humain, la croyance n’exige pas obligatoirement de preuves, seule une conviction profonde et indéracinable suffit à la mettre en place. Elle peut devenir immuable. La connaissance est évolutive et s’appuie davantage sur des faits qui peuvent être subtils allant jusqu’à l’intuition. La connaissance se démontre. Nous pourrions objectiver que la pleine croyance donne une foi dont nous disons qu’elle déplace des montagnes, mais quelles montagnes ? Ce qui prouve que l’on ne peut pas les séparer définitivement selon les critères de l’objectivité et de la subjectivité.

Nous avons accès le plus souvent à des connaissances fondées sur l’observation, de ce fait elles ont une existence limitée dans le temps, ainsi que l’a si bien démontré le mathématicien et épistémologiste Thom. Ces connaissances s’affirment comme une vague qui naît en bord de mer, s’amplifie et meurt sur la grève quand elle s’épuise, alors qu’une autre vague commence et est ensuite remplacée par la suivante. Alors nous sommes en droit de nous poser la question : pour l’être humain, y a-t-il une connaissance absolue sous-jacente à toutes ces connaissances partielles ? Il paraît évident que nous n’en n’avons pas l’accès immédiat.

Il apparaît qu’un danger menace l’homme et la connaissance quand cette dernière est fixée dans un système figé sans évolution. C’est la tentation du pouvoir dont la motivation est de vouloir s’appuyer sur des bases fixées définitivement. À ce moment, le pouvoir veut s’assurer de la complète maîtrise en niant toute intervention de lois ou principes qui le dépassent. Ainsi, au début du siècle dernier, les pouvoirs dictatoriaux ont persécuté les savants cosmologistes qui soutenaient que l’univers résultait d’une création et évoluait pour nier toute intervention supérieure à eux-mêmes. Si bien qu’une connaissance, devenue obsolète, qui avait joué son rôle, devenait une croyance vide de substance. Alors la croyance conduisait à des excès dommageables pour l’être humain.

Toutes les activités humaines peuvent souffrir de ces oscillations entre croyance et connaissance. Actuellement, le domaine médico-social peut offrir une illustration de cette assertion. À la limite de la connaissance, une croyance très forte s’était établie sur le fait qu’il fallait détruire les vecteurs des pathologies. Ainsi, il avait été décidé que l’insecticide DDT allait éradiquer les anophèles et faire disparaître le paludisme. Ainsi, un espoir irraisonné faisait penser que toutes infections bactériennes seraient endiguées à tout jamais par l’antibiothérapie. Ainsi, une confiance quasi absolue était placée dans la vaccination pour se protéger de maladies endémiques et épidémiques. Malgré les bienfaits constatés de ces actions, il faut se rendre à l’évidence que leurs pouvoirs sont limités et non absolus.

À ce stade, où est l’erreur, où est la croyance qui n’est pas connaissance ? Si elle n’est pas localisable de façon précise, nous pouvons observer qu’elle provient d’une attitude qui se reproduit souvent dans toutes les activités concernées, qui est de placer l’homme au centre et de faire tout dépendre de lui. Dans ce placement, l’homme ne tient pas compte d’influences qui lui échappent et qui font que son action n’atteint pas son but. À l’opposé, nous pouvons aussi observer une attitude subissante où l’homme attend tout d’une manne providentielle. Les deux peuvent simultanément se chevaucher.

Dans un univers et un Tout, dont bien des dimensions nous échappent, il est effectivement difficile de se placer de façon juste. Heureusement, nous bénéficions d’un héritage qui nous montre des voies. Un de ces héritages nous engageant sur une voie royale est la pratique du Reiki. Le Reiki nous situe dans le rôle d’intermédiaire en mettant en œuvre un principe ou des principes, sans donner une finalité étroite définie par un niveau de conscience limité. Il évite de se mettre au centre dans une position infondée. Il nous laisse à l’action dans toutes les circonstances, en évitant de nous focaliser sur l’obtention d’un résultat dont nous sommes incapables de prévoir l’étendue et les conséquences.

Mais la pratique du Reiki peut aussi nous mettre sur les rails d’une voie infiniment intéressante. En effet, une des recommandations face à un problème est de le solutionner en agissant à un niveau supérieur à celui où il apparaît. C’est évidemment ce que nous faisons quand nous appliquons Reiki à un problème ou une situation. Cela peut nous habituer à rechercher et à fonctionner sur des niveaux subtils. Par là même, nous pouvons toucher des champs beaucoup plus vastes de conscience et trouver des solutions infiniment plus adaptées.

L’homme peut alors prendre conscience de la direction donnée par les niveaux supérieurs de son être. Il sera alors à sa place et pourra jouer son rôle dans la symphonie cosmique d’un Tout dans laquelle sa note résonne, et dans un Tout où il y a être et vie.