Reiki et le Zazen
– par Nicolas Bariol –
La pratique du Reiki et de Zazen sont entrées dans ma vie en été 2013, une époque où je souffrais d’eczéma chronique.
La médecine conventionnelle n’ayant jamais pu résoudre ce problème, une amie m’a fortement conseillé de me diriger vers la méditation et (ou) une pratique énergétique comme la kinésiologie, le Reiki, etc.
J’ai donc commencé la méditation seul à la maison et un mois après, j’étais initié au premier degré de Reiki. Mon Maître m’a déconseillé de continuer la pratique de la méditation en solitaire car selon elle, ce n’est pas sans risque et qu’il me fallait suivre l’enseignement d’un maître.
C’est comme cela que je suis entré au dojo Zen de Saint-Étienne (42). Depuis, aucune de ces deux pratiques ne m’ont quitté ; je ne peux pas en dire autant de l’eczéma !
Au départ je ne voyais pas ce que mon maître Reiki voulait dire par « des risques ». Et puis j’ai vite compris que l’ego est extrêmement vicieux, on peut très facilement le confondre avec l’image que l’on se fait de l’éveil et qu’il me fallait de l’aide afin de ne pas tomber dans ses travers.
Ensuite, la pratique régulière et solitaire de la méditation est très difficile, comprendre la posture de Zazen (lotus, demi-lotus, quart de lotus ou seize), c’est-à-dire juste trouver l’équilibre entre détente et tension peut être le travail d’une vie entière.
Pratiquer en groupe est plus facile, l’énergie du dojo et de la sangha (groupe de pratique/famille spirituelle) m’aide à dépasser ma propre condition, me donne la force de pratiquer au quotidien et nous nous encourageons les uns les autres.
Nous recevons également des enseignements et des conseils sur la posture, que l’on appelle kusen, ce qui peut grandement aider à lâcher le train-train du mental ou corriger notre posture.
Au début de ma pratique, je voyais beaucoup de similitudes entre le Reiki et Zazen, je traçais mes symboles Reiki avant chaque méditation comme pour me protéger… Mais, me protéger de qui, de quoi ?
En Zazen nous sommes assis les yeux mi-clos face à un mur, il est notre miroir. Finalement je voulais me protéger de moi-même…
Et puis j’ai laissé tomber car j’ai compris que si je commence à mélanger le Reiki au Zazen, je ne fais plus Zazen. En m’apportant de l’énergie Reiki pendant les méditations, je fausse mon observation.
Il me paraît plus judicieux de faire face à mes émotions afin de les observer telles qu’elles sont et ainsi mieux les comprendre.
Zazen est une voie qui a été épurée au maximum pour ne garder que l’essentiel des enseignements du Bouddha : s’asseoir et observer son souffle, sa posture, l’attitude de notre esprit pour petit à petit devenir intime avec soi-même.
Ejo, qui fut disciple de maître Dogen, l’exprima ainsi : « Ne cherchez pas le satori (l’éveil), ne haïssez pas les pensées qui surgiraient, ne les aimez pas non plus et surtout ne les entretenez pas.
De toute façon, quoi qu’il en soit, vous devez pratiquer la grande assise, ici et maintenant. Si vous n’entretenez pas une pensée, celle-ci ne reviendra pas d’elle-même.
Si vous vous abandonnez à l’expiration et laissez votre inspiration remplir en un harmonieux va-et-vient, il ne restera plus qu’un zafu (coussin de méditation) sous le ciel vide, le poids d’une flamme. »
Aujourd’hui je vois les choses différemment. Zazen serait plus mon lien vers la terre (l’enracinement symbolisé par les ischions plantés dans le zafu, les genoux en contact avec le sol) et le Reiki serait mon lien vers le ciel (vers le monde invisible et non matériel).
Le principal point commun entre le Reiki et Zazen est que nous n’avons besoin de rien pour les pratiquer dans de bonnes conditions. Simplement être présent.
Ces deux pratiques me sont complémentaires, Zazen m’aide à être plus attentif lors des séances, à modifier ma posture et relâcher les tensions pour une pratique plus confortable, laisser descendre l’expiration jusqu’au hara pour une meilleure circulation du Ki et du Reiki.
Cela m’aide également à différencier plus facilement les sentiments ou émotions qui m’appartiennent et celles appartenant au receveur lors des séances.
Quand je pratique le Reiki à distance, je le fais en posture du Zazen, car l’énergie circule beaucoup plus librement et je constate de meilleurs résultats.
M’asseoir en posture, c’est comme passer une porte, me retrouver dans un autre endroit, c’est donner de l’importance à ma pratique du Reiki.
Le responsable du dojo eut un jour cette phrase : « Pratiquer Zazen est comme ouvrir une fenêtre, l’air s’engouffre dans la pièce et soulève la poussière ; quand nous nous relevons du zafu, nous fermons la fenêtre et la poussière se redépose doucement ».
L’air serait l’énergie, l’ordre cosmique (peu importe le nom que vous choisirez d’y mettre), et la poussière nos émotions, nos pensées, les schémas que nous avons fabriqués.
En sortant d’une séance de Zazen un peu éprouvante, il m’arrive de m’envoyer du Reiki pour retrouver calme et sérénité.
Au Japon, la pratique du Zazen est mêlée à celle du Shintoïsme (forme d’animisme), par exemple dans les cérémonies de guérison, ou d’accompagnement d’un défunt.
En France, il nous arrive de pratiquer de telles cérémonies mais cela n’est pas très répandu. J’ai donc naturellement remplacé le Shinto par le Reiki dans ma pratique personnelle.
En résumé, Zazen et Reiki sont mes deux fils d’Ariane pour ne pas me perdre et rester sur le chemin juste (celui où les portes s’ouvrent). Du moins si cela vient à se produire, j’ai deux formidables outils qui me permettent de revenir plus facilement.
Nicolas BARIOL
tofukkatsu@gmail.com